La responsabilité du proche
Il n’est pas rare qu’en tant que proche, vous n’ayez pas vu les signes de violence. Surtout qu’elle est souvent progressive. De plus, le sentiment de honte que la victime a, l’empêche de demander de l’aide.
Si vous avez vu des choses qui vous assimilez à de la violence, n’hésitez pas à en parler mais pas de manière frontale. Vous pouvez simplement faire part de votre étonnement, de vos interrogations, … Le principal est d’ouvrir le dialogue.
Vous trouverez le guide du bon/ de la bonne ami·e juste en dessous avec pleins de conseils.
Le guide du bon/de la bonne ami·e
Voici quelques conseils / façons de communiquer de manière efficace pour pouvoir aider, voire soutenir la personne ayant subi des violences.
Traduction Guide du/ de la bon.ne voisin.e: “Sisterhood in neighbourhood”
Des conseils pratiques afin de soutenir les personnes qui vivent des relations violentes ainsi que pour créer des communautés solidaires dans nos logements.
Comment venir en aide?
Afin de soutenir les personnes de notre entourage/ nos voisins qui vivent des situation de violence domestique il est important de bien choisir le contexte dans lequel fournir ce soutien. Cela peut être utile pour pouvoir établir les meilleures modalités pour entrer en contact avec la personne cible des violences sans pour autant l’exposer davantage à d’autres situations de péril ou d’isolement.
Il faut se rappeler que chaque personne et chaque situation est différente et se retrouve à agir dans des contextes également très différents. Elles·eux peuvent avoir n’importe quel âge, être une personne affectée par un handicap ou à mobilité réduite, ne pas être francophone ou français.e.s langue maternelle, avoir n’importe quel niveau de scolarité.
En outre, il faut garder à l’esprit que les personnes subissant des violences ont souvent de la difficulté à établir des rapports de confiance, c’est précisément pour cela qu’il faut essayer d’être empathiques, sensibles, disponibles, ouvert.e.s, en ayant une attitude non jugeante, voire bienveillante tout en pratiquant une écoute active.
Ci suit, vous trouverez toute une série de conseils pratiques dans une liste non-exhaustive que l’on peut adapter en fonction du degré de confiance avec son interlocuteur·ice:
Sonnettes d’alarmes :
- Vous entendez souvent des cris et des engueulades ;
- Vous avez l’impression que quelqu’un·e s est agité·e et/ou déprimé·e ;
- Vous avez l’impression que la personne soit intimidée par son/sa partenaire / par un des membres de sa famille ou de son entourage qui semblent être violent·es ;
- Vous avez l’impression que cette personne n’est pas indépendante du point de vue professionnel, financier ou économique et en même temps iels te signale / se plaint de ne pas avoir assez de contrôle sur ses dépenses/ sur son argent ou qu’iels est même dans l’impossibilité d’accéder à ces ressources;
- Vous avez remarqué que la personne présente des traces de violence sur son corps;
- Vous avez remarqué qu’un·e de ses ex-partenaires circule souvent aux alentours de la maison / du logement;
- La personne s’est déjà confiée à vous du fait de recevoir souvent des appels, des messages oppressants et non désirés de la part d’un·e des ex-partenaires;
Première approche :
- Essayez d’apprivoiser la personne afin d’établir un lien de façon graduelle. Par exemple, s’il vous arrive de voir cette personne dans son jardin, de la croiser dans les escaliers ou lorsque que vous trouvez dans votre balcon ou au supermarché, essayez de parler avec il/elle/iel en lui offrant votre écoute ou en proposant d’aller boire un café.
Rapport graduel :
- Partage quelques informations concernant votre personne, votre vécu. Cela peut être un café, une expérience, une pensée, un livre, une nouvelle. Un geste d’affection et de partage dans ce genre de circonstance peut être vraiment utile afin de faire passer le message suivant: “Je suis là et je suis prêt·e à vous écouter quand vous voudrez me parler”
Pendant la prise de contact :
- Lorsque votre voisin·e vous parle, soyez à l’écoute et respectez son timing. Essayez de vous concentrer sur ce qu’ils/elles/iels disent et de trouver des sujets de conversations en commun. Au lieu de poser des questions trop directes, parle d’une de vos expériences, tout en laissant la personne partager progressivement son histoire, son vécu, ce qu’ils/elles/iels se sentent à son aise, à son propre rythme
Dialogue :
- Avoir ou se faire un avis est naturel. On vous suggère de ne pas l’exprimer de façon trop péremptoire: gardez une attitude détendue. On vous conseille de ne pas faire ressentir à la personne un jugement, et respecter son rythme. Par exemple, n’utilisez pas des phrases du genre “Je n’aurais jamais imaginé que vous auriez pu vous retrouver dans une situation pareille” ou “comment est-il possible que vous acceptiez ce genre de comportement?”
- Même dans le cas où vos opinions divergent, essayez de garder tout de même un dialogue ouvert et respectueux, sans vous sentir visé·e ou attaqué·e dans vos idéaux/vos propres valeurs et sans pour autant imposer vos idées à l’autre. Si jamais vous parlez de violences, vous aurez peut-être l’impression de devoir “protéger” vos interlocuteur·ices en imposant votre vision, mais nous vous suggérons d’attendre qu’il y ait plus d’ouverture et de confiance entre vous. La personne cible de violence risque de se renfermer sur elle si vous essayez de faire des choix à sa place. Si vous pensez avoir atteint un bon niveau de confiance, vous pouvez proposer des stratégies ou des conseils en utilisant le pluriel “et si nous essayons de…”, “nous pouvons réfléchir ensemble à la manière de…”, ce qui fait du conseil une sorte de “comment…”. Vous pouvez également proposer des stratégies ou des conseils en utilisant le pluriel “et si nous essayions…”, “nous pouvons réfléchir ensemble à la manière de…”, en faisant du conseil une sorte de “comment…”
Écoute :
- Pendant que votre voisin·e te raconte quelque chose, soyez attentif aux détails, surtout si vous soupçonnez qu’iel se trouve dans une situation de danger pour sa sécurité. En particulier, essayez de vous concentrer sur ses paroles et notez tout signe plus ou moins évident de violence corporelle.
Échange :
- Recherchez des moments d’échange plus réguliers au fil du temps;
- Ne laisse pas passer trop de temps avant de reparler à cette personne, mais n’en faites pas trop et ne soyez pas trop intrusif. En créant des moments réguliers de connexion et de confrontation, l’autre personne sent que vous êtes là, ce qui contribue à créer un lien de confiance et un espace safe.
Support :
- Une fois que vous avez établi un rapport de confiance avec la personne cible de violence, cherchez d’être toujours assez présent·e et/ou impliqué·e lorsqu’iels te racontent leur situation sans nécessairement exprimer ton opinion, de donner ton avis ou de tirer des conclusions trop vite.
- Exprime ta préoccupation de manière directe sans pour autant rajouter du stress/ de la peur à la personne cible de violence. Par exemple, vous pouvez entamer la conversation en disant : “Je m’inquiète pour toi parce que…”. Montre-lui que vous vous souciez pour elles·eux et de sa sécurité sans l’angoisser : lui dire qu’elle court un grand danger et exploiter les éventualités les plus tragiques peut avoir pour effet de terrifier votre amie sans la convaincre de quitter son partenaire. Fais-lui comprendre que ce n’est pas de sa faute.
- Souvent, comme nous l’avons déjà mentionné, une femme victime d’abus a tendance à s’attribuer la responsabilité de ce qui lui arrive et à justifier son partenaire. Fait-lui comprendre que rien en elle ou dans son comportement ne peut justifier la situation qu’elle vit.
- Aide-la/le à nouer des contacts. Une personne maltraitée se sent souvent isolée et n’a pas de soutien significatif sur lequel compter, souvent parce que son/sa/saon partenaire agit activement pour l’isoler de son réseau de contacts afin d’avoir plus de contrôle sur elles·eux. Si vous savez qu’elle a des ami·es ou des personnes dont elle est proche et à qui elle peut se confier, mais qu’elle hésite à le faire, encouragez-la à s’ouvrir à eux : le fait de sentir qu’elle fait partie d’un réseau de contacts sur lequel elle peut compter dans les moments critiques peut lui apporter un soutien pratique et psychologique.
Ressources :
- Indiquez-lui des centres de lutte contre les violences ou des ressources présentes sur le territoire et/ou en ligne pour qu’iels puissent mieux se renseigner.
En cas d’urgence :
- Vous pourriez vous retrouver à entendre clairement des cris provenant de l’appartement de la personne cible de violence et de devoir intervenir dans une situation qui vous semble présenter un danger immédiat. Dans ce cas, vous pouvez réagir de plusieurs manières : essayer de frapper à la porte, essayer de l’appeler sur son téléphone portable (si vous avez son numéro), ou encore demander l’intervention de la police.